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15 septembre 2013

Abderrahmane Zenati : L’ÂNE QUI PLEURE

 

L’ÂNE QUI PLEURE

 



 

Maintenant que Saïdia se vide de ses encombrants estivants… Maintenant que mon exposition à Marina touche à sa fin, Moi et ma gentille chienne Lola, avons pensé prendre le temps d’aller nous balader dans les environs d’Oujda.
C’est vrai que ces belles journées ensoleillées invitent à des promenades dans la nature...

C’est ainsi que dans un quartier isolé, près de frontière marocco-algérienne, j’ai fais une rencontre étonnante. Un âne qui pleure…

Je connaissais la vache qui rit, du moins en image, mais un âne en chair et en os qui pleure et qui, en plus, parle notre langage, j’ai trouvé cela vraiment insolite et bizarre…

« Bonjour », entendis-je.

Je croyais que quelqu’un me parlait…

J’ai regardé autour de moi, il n’y avait personne. Qu’un âne triste qui me regardait avec des yeux larmoyants.

"Bonjour", me dit l'âne en s’approchant de moi.

A part de l’eau et un verre de thé, je n’avais rien pris d’autre ce matin là. Je ne pouvais être ivre…

Aussi bêtement que cela puisse paraître, j’ai répondu:

« Bonjour »

Je te connais, me dit l’âne. Tu es un peintre, tu venais souvent faire le plein d’essence pour ta camionnette bleue chez mon maître Si Kaddour N’gadi…

C’est possible, fis-je en me grattant la tête et en me demandant si je ne rêvais pas…

Bête est celui qui fait confiance aux hommes et à la vie, dit l’âne en pleurant.

 


J'étais ému par ses larmes. les larmes émeuvent toujours. L'âne continua à pleurer en silence. il a laisser longtemps ses larmes couler.
Avant, me dit-il en soupirant, mes cousins et moi, nous étions des centaines, nous franchissions la frontière algérienne sur le dos des marchandises marocaines et nous revenions avec des jerricanes pleins d’essence et de gasoil… Nous connaissions le chemin, nous allions et nous revenions seuls… Mon maître, Si Kadour N’gadi, cet ingrat, à fait fortune sur mon dos…


 

Avec de la contrebande que je transportais, il a acheté une belle maison à Béni Drar et un fond de commerce à Oujda et un camion de transport … Aujourd’hui que l’Algérie à creuser un ravin de trois mètres de profondeur et de deux de largeur, plus personne ne passe… Plus d’essence qui rentre à Oujda. Plus d’huile, plus de spaghetti, plus de dattes… plus de thé, plus de café… Oui, plus personne ne passe… ni bêtes ou humain. En plus, ces Algériens fous de la gâchette, ils tirent sur tout ce qui bouge. Déjà ils ont tiré sur une bonne dizaine de contrebandiers marocains donc les familles sont sans nouvelle.

 



Je ne savais pas ça, fis-je. A ma connaissance, aucun journal n'a abordé ce sujet...

Les journaux, partout, disent ce que les gens au pouvoir veulent qu'ils disent...Maintenant que Si Kadour N’gadi n’a plus besoin de nos services, il nous a lâcher dans la nature dans l’abondant totale… Nous sommes des centaines à errer dans les champs et dans la ville… Moi qui te parle, j’ai la patte blessée, et personne ne me vient en aide… c’est triste… Aucun organisme ne prend soins de nous… A ma connaissance, il n’y a pas ici un service de protection pour les animaux… A propos, où est ta camionnette bleue?

Embarquée injustement à la fourrière de Saïdia et vendue comme ferraille par le président du municipale de cette ville...

Comment ? Une camionnette qui, pendant des années, a sillonner les villes et les villages du Maroc, qui a fait connaitre l'art de l'Oriental tant au Maroc qu'à l'étranger, saisie et vendue comme ferraille? C'est une honte pour la municipalité de Saïdia et pour les responsables des affaires culturelle...

J'étais étonné... je ne pensais pas trouver un âne plus intelligents que certains responsables de Saïdia, ville que j'aime et que j'y habite depuis plus de six ans

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