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17 décembre 2011

Oujda: Abderrahmane Zenati...Hommage à Osman l'écrivain oublié d'Oujda

Hommage à Osman l'écrivain oublié d'Oujda

J'ai connu un écrivain à Oujda, et pas des moindres.

C’est Osman qui écrivait dans un style français classique le plus pur.

Je ne parle pas de celui qui fut le premier ministre marocain, qui gouverna du 2 novembre 1972 au 22 mars 1979, qui fut président du parlement et aussi le gendre de Hassan II.

Je ne parle pas de ce vieux frère du ministre en question qui fut nommé Pacha à la ville d’Oujda. Ni de ce jeune du même non qui a remplacé le vieux pacha au même poste et à la même ville, comme si le poste de pacha à Oujda était un héritage familial.

Je parle de Al marhoum Osman Boumedien, ancien fonctionnaire au service du cadastre à oujda.

Je parle de cet homme écrivain et poète qui nous a quitté comme un parfait inconnu, sans que ses nombreux écrits soient publiés..

Osman Boumedien, écrivain de référence et auteur de génie avait préféré vivre une vie de simple fonctionnaire au service du cadastre en se retirant du devant de la scène politique qui n’était pas sa vocation. Il voulait vivre loin des magouilles.
Je l’ai connu pendant des années. En tant qu’infirmier à la santé publique, je lui faisais des injections chez lui, à domicile. Il vivait seul dans une pièce où il y avait son lit, sa table et son bureau. L’ordinateur n’existait pas, d’ailleurs il avait horreur de la machine à écrire et il rédigeait tous ses textes à la plume. Je peux affirmer que c'était un homme humble, très courtois, sentimental, romantique et un grand rêveur.

Il avait écrit de nombreux romans et des poèmes en s'inspirant de la vie et de la tradition locale.

.Il m'avait fait lire plusieurs de ses manuscrits.

Des romans et des enquêtes, véritable analyse sociologique sans concession de l’Occupation, fruit de quinze ans de recherches à partir de documents..

Dans sa chambre il y avait des dizaines d'autres manuscrits qu’il comptait édité, mais il est mort sans aller jusqu’au bout de ses rêves.

Osman Boumedien est mort au milieu de difficultés de toutes sortes et avait droit à un enterrement rapide, modeste et discret.

« Né à Oujda en 1930, mon frère qui a fait une longue carrière dans le monde politique a été introduit dès sa jeunesse dans les arcanes du pouvoir, alors que ce dernier finissait de se libérer du Protectorat », me confia Boumedien un soir après une injection intraveineuse.

« Mohammed V, continua-t-il, était conscient qu'il devait donner à ses enfants une éducation sans faille, en adéquation avec un Maroc en mouvement. C'était au début des années 1940 qu'il avait décidé de créer le Collège royal. Celui-ci comptait au départ deux classes, une pour chacun des deux fils, Moulay Hassan et Moulay Abdallah. Les princes étaient entourés d'une dizaine de camarades triés sur le volet, choisis dans toutes les régions du Maroc parmi les élèves les plus méritants.

Le défunt roi Mohammed V avait décidé de sélectionner les 5 meilleurs élèves du Royaume pour accompagner son fils, Moulay El Hassan, dans ses études. Parmi eux, mon frère Ahmed. L'enseignement du Collège royal se voulait à la fois ancrer dans la tradition et résolument moderne. Les élèves, logés en internat, se levaient aux aurores et devaient se soumettre à une discipline de fer. Leurs enseignants étaient souvent de grands noms, appelés à jouer un rôle important dans la vie du royaume, entre autres, Mehdi Ben Barka, Abdelhadi Boutaleb, Mohamed El Fassi...

Dès la fin des années quarante, mon frère Ahmed se fondra dans l'entourage royal, étudiant à l'université en compagnie du futur roi Hassan II, puis prenant ses premières responsabilités gouvernementales à 25 ans, au sein de la première cellule du Cabinet royal, constitué en 1955 à Saint-Germain-en-Laye lors du court séjour en France qui précèdera le retour de la famille royale de son exil à Madagascar. Il a côtoyé les grands de l'époque, accompagnant Mohamed El Bekkay lors des négociations à Aix-les-Bains, puis représentant le Maroc en 1956 aux négociations qui avaient suivi le détournement par la France de l'avion marocain transportant plusieurs leaders algériens dont Ahmed Ben Bella.

C'est surtout à partir de l'arrivée de feu Hassan II au pouvoir, en 1961, que la carrière de mon s’accélérera, avec sa première entrée au gouvernement dès 1962. Resté proche du roi, dont il épousera la sœur, feue Lalla Nezha. Mon frère était présent lors du putsch de Skhirat, puis, l'année suivante, dans l'avion royal attaqué lors de l'attentat de Kénitra. Promu directeur du Cabinet royal un mois après la première attaque, il est devenu Premier ministre quelques mois après la seconde, occupant deux des postes les plus importants de sa carrière. A partir de 1979, il avait abandonné progressivement le gouvernement pour se consacrer à la vie partisane, via son parti, le RNI, créé en 1978 avec la bénédiction royale, puis sa nomination à la présidence du Parlement en 1984, jusqu'en 1992.

J'ai expliqué à feu Boumedien, rahimahou Allah, que son frère Ahmed, tout en étant Premier ministre, était venu chez moi, dans ma maison-atelier à Lazaret en compagnie de L'ex-enseignant Jaada et de son nerveux Abdelatif, qui remplacera, juste quelques années après, le vieux Osman au poste de Pacha à Oujda.

C'était l'époque où il voulait que les oujdis votent en sa faveur pour être leur représentant au Parlement à Rabat.

Ahmed Osman m'avait demandé de peindre son portrait, un portrait aussi grand que celui que j'avais réalisé de Hassan II en 1967. Ce dernier était un portrait géant de 8 mètres sur 6 que le Gouverneur d'Oujda, Chalouti, m'avait commandé.
A cette époque, les posters et les photos numériques n'existaient pas encore...

Une fois installé dans mon modeste salon, j'avais déclaré à cet homme qui avait tous les pouvoirs :

" Monsieur le ministre, je vais faire ce portrait de vous que vous me demander, mais je vous demande juste de me payer, je ne vous demande rien d'autre, ni agréments de transport, ni autres privilèges. Juste me payer mon dû.»

Le Premier Ministre et gendre du Roi m'a répondu avec satisfaction:

" Je suis vraiment étonné ! C'est la première fois que je rentre chez quelqu'un et qui ne me demande rien d'autre que le prix de son travail..."

Je lui ai fais part de la somme qu'il devait me donner et au bout de quinze jours, j'ai fini la réalisation du portrait géant, 5 m x 6, que j'ai accroché sur l'une des tours de Bab Sidi Abdelouahab, et le plus étonnant, c’est que jusqu'à nos jours, il ne m'a jamais donner le moindre sou de l'argent qu'il me doit.

"Confidence pour confidence, me déclara Boumedien, c'était moi qui devais partir étudier avec les princes à Rabat et non mon frère Ahmed... "

Et il m'a fait toute une révélation vraiment incroyable et digne de tout un roman sur une dynastie...

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ABDERRAHMANE ZENATI

Sa langue maternelle c’est le dialectale marocain, il écrit ses ouvrages en langue de Molière, pourtant, il n’a jamais était en classe… Né le 14 juillet 1943 dans un milieu frôlant la misère, orphelin de père à l'âge de cinq ans, dès l'aube de son enfance, il se retrouva abandonné dans l'enfer de la rue, livré à lui-même, comme Gavroche de Victor Hugo et Rémi d'Hector Malot.  Au grès de ses pas, ventre affamé et tremblant de froid, il erra durant des années dans les rues et les terrains vagues. « Pour survivre, je mangeais n'importe quoi, en fouillant dans les poubelles, parmi les chiens et les chats, dit-il dans son ouvrage « Goût de cendre ».  L'enfance triste et déchirée d'Abderrahmane Zenati n'a été bercée que par les rêves et les contes que lui narrait cheikh Tayeb, un vieux conteur populaire de "halka". A force de vivre dans la misère et la saleté, à douze ans, la tuberculose lui perfora les poumons et le cloua dans un lit de l'unique hôpital d'Oujda. C'est là, face à la bonté des infirmiers et aux discussions profondes avec les malades, qu'il a pris conscience de la réalité de sa vie. Tous ces échanges variés lui faisaient vivre intensément un espoir à travers l'humain de chacun. Lui, qui, jusque-là, ne se souciait seulement que de manger pour survivre l'heure présente, la pensée de savoir de quoi son lendemain serait fait, avait soudain germé dans ses pensées. Et seul, par instinct, il se mit à gribouiller avec des crayons de couleurs des dessins sur n'importe quel papier lui tombant sous la main.  Grâce à une boite de gouache offerte par l'infirmière française, madame Michèle, avec passion il s'initia à la peinture et puis, bientôt à la lecture à l'écriture. A dix-huit ans, grâce à l'appui du docteur Sauvaget, un ancien médecin militaire, chef de l'hôpital d'Oujda, il fut recruté comme aide soignant à la Santé Publique.

«  Contrairement à ce qu'on pense souvent, il n'y a pas que l'école qui instruit, écrit Zenati dans Goût de cendre. La rue, la misère et l'expérience ont été pour moi les meilleurs des professeurs, les plus impitoyables, car ils m'avaient fait d'abord passer le test et donner ensuite la leçon.

 

ŒUVRES DÉJÀ PARUES DU MÊME AUTEUR
Les Cigognes reviendront-elles à Oujda ?
Mémoire de la Fourmi.
Vol de la Fourmi.
La Déchirure.
L’Aube des Maudits
Le retour du bigame
Marjana
La seconde épouse
La maison en face
Tamoula
Paroles de fous
Al hogra
La Vallée des Oliviers
Un Homme Simple
Paroles Étranglées
L’Homme en Colère
Adieu Oujda, ma bien-aimée
L’Homme d’Amérique
Mon ami Tchita le juif
De la Haine en Héritage
Confidences d’un âne de l’Oriental
Haffou le fou
La Malédiction d’Allah
Le Vent de l’Est s’arrête à Figuig
Un Homme Presque Parfait
Ces hommes fous de l’Oriental
Des Mots à la place du pain
Le Fou de Sarah
Le Chemin de l’Enfer
Khalti Fatna
La Vallée Oubliée
Goût de cendre
Crépuscule des Anges
Nous n’irons pas tous au Paradis
Le cri de l’agneau
Merguez et Harissa
Grain de sable
Un dimanche à Saïdia
Le mal de l’absence

Pour se procurer un de ces livres, non disponible dans le commerce, contactez directement l’auteur :

Abderrahmane Zenati
B.P. 338 Poste de Saïdia Maroc
Tel : (212) 0661829262

Écrivez-lui et il vous adressera par e-mail les premiers chapitres d'un ouvrage que vous aimeriez découvrir :

abderrahmanezenati@yahoo.fr

 

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