Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Retour à la source
16 septembre 2013

Abderrahmane Zenati : J’avais dix-huit ans et j’étais infirmier stagiaire à l'école sanitaire de madame Tourelle

 


Photo : Extrait de MÉMOIRE D'UN ÂNE DE L'ORIENTAL (tome 2)

 

MÉMOIRE D'UN ÂNE DE L'ORIENTAL (tome 2)

Extrait


"...En 1959, j’avais dix-huit ans et j’étais  infirmier  stagiaire à l'école sanitaire de madame Tourelle. Je passais mon stage pratique au service d’ophtalmologie de l’hôpital Maurice Lousteau d’Oujda, aujourd’hui Al Pharabi. En cette époque de Lutte pour l’Indépendance de l'Algérie, beaucoup de lits de cet hôpital étaient occupés par les Jounouds algériens blessés de guerre ou opérés par les médecins et chirurgiens algériens: Lazrek, Clouche, Souffi,  Abrous et d'autres encore... Il faut rappeler qu'à cette époque, il n'y avait aucun médecin marocain à Oujda, ni à la santé publique, ni dans le privé. Ce secteur aussi était occupé par les Algériens tel que Haddam, Abbès et d'autres encore. Le premier médecin marocain que j'ai vu à l'hôpital d’Oujda, en 1963, fut le phtisiologue Fassi El Fihri.  

C’était un mardi. Sous l’œil Fatima Loudghiri, une belle infirmière marocaine diplômée qui m’encadrait, je m’occupais de certains de ces Jounouds. Particulièrement de celui qui portait le pseudo de Belkacem, haut dirigeant du F.L.N à qui je changeais les pansements des yeux et à qui je faisais des injections.

Ce « Belkacem, qui deviendra un des dirigeants importants au sein du pouvoir algérien m’invitera au mois de juillet 1988 à exposer mes œuvres, à Tlemcen, juste quelques jours après les reprises des relations diplomatiques maroco-algérienne et le célèbre 5 octobre de la même année où l’Algérie à été marqué par des manifestations  sporadiques et non contrôlées, dans plusieurs villes.

Un accueil chaleureux me sera réservé dans la ville du Cheikh Larbi Bensari et Abdelkrim Dali, les  maîtres de la musique gharnati et du hawzi.

Un matin donc, en reprenant mon stage à l’hôpital, la belle infirmière Fatima Loudghiri avait rempli une seringue de pénicilline et m’avait ordonné de l’injecter en intramusculaire à Si « Belkacem » au lit 2 de la salle 5.

Obéissant à l’ordre de Fatima qui, à ce moment là, comme chaque fois, se faisait courtiser par  jeune étudiant Abdelaziz. Ce dernier venait souvent demander un peu d’argent à son frère, Si Ahmed Bouteflika, un brave et dévoué infirmier du service  ophtalmo.

J’avais placé l’aiguille dans le fessier du malade, je m’apprêtais à injecter le liquide, lorsque le docteur Lazrak, hurla en entrant dans la salle:

— Arrête, malheureux ! Qu’est-ce que tu fais ? Qu’injectes-tu à ce malade? Cria-t-il.


— Je ne sais pas, fis-je troublé. Je crois que c’est de la pénicilline.

 

— Quoi ? De la pénicilline ? Serais-tu aveugle, espèce de salopard? Ne vois-tu pas que ce malade est allergique à la pénicilline ! N’as-tu pas vus l’inscription en rouge sur la feuille de température, espèce d’idiot ? ...

 

— Je... je n’ai pas fait attention ! Je suis encore stagiaire, c’est mademoiselle Fatima qui m’a dit de faire l’injection...

 

L’infirmière, drapée dans une tenue serrée qui lui moulait le corps et toujours en compagnie de son courtisant était devenue livide.

 

Le docteur Lazrak la regarda en fronçant les sourcils.


Elle se détourna, me regarda dans les yeux et hurla en niant tout:

 

— Moi ? Me dit-elle sans rougir. Tu es fou ou quoi ? Jamais, je ne t’ai ordonné quoi que ce soit...


— Voyons, mademoiselle Fatima, lui dis-je, c’est bien vous qui...

— Ce n’est pas vrai ! Tu mens, cria-t-elle.


Devant son volte-face, moi aussi, j’ai voulu hurler, mais ma voix s’est étranglé... j’ai dit en bégayant :


— Mais si, c’est vous, mademoiselle qui me l’avez ordonné en présence de monsieur Abdelaziz... N’est-ce pas monsieur ?

 

— Non, elle ne t’a rien dit du tout, mentit le futur jeune ministre des affaires étrangères de Boumédiene, qui deviendra le Président de République Algérienne Démocratique et populaire.


L’ophtalmologue appela sur-le-champ, monsieur Bouréda le surveillant général. Celui-ci poussa violemment hors du service Abdelaziz et lui ordonna de quitter l’hôpital sur-le-champ et de ne jamais revenir même malade.

Ce n’est, finalement, que grâce au témoignage de Janette, une gentille infirmière française et des autres stagiaires que j’ai pu être sauvé de cette mauvaise situation. Une enquête fut ouverte avec l’infirmière, quant à moi, je fus muté comme stagiaire au service de la maternité...."

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Salam alikoum c'etait qui se Si Belkacem? Vous parlez de Krim Belkacem
Retour à la source
Publicité
Archives
Publicité